La délimitation géographique du Sud de la France, une question politique et commerciale

L’imaginaire est parfois fort : un vin “Sud de France”, c’est la promesse du chant des cigales et de la chaleur du soleil. Certains hommes politiques ont bien compris l’intérêt de tirer profit de mots qui font rêver, en France comme à l’international. Les organismes chargés de la protection des indications géographiques manquent parfois de poésie. Selon eux, le Sud de la France ne correspond pas à une aire géographique suffisamment précise. 

IGP sud de France

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L’histoire de la marque de vin “Sud de France”

En 2006, Georges Frêche, alors président de la région Languedoc-Roussillon, fait enregistrer une marque ombrelle semi-figurative “SUD DE FRANCE”. Il affirmait à l’époque : “Toulouse, c’est le Sud-Ouest, Marseille et Nice, c’est le Sud-Est et nous, c’est le Sud !”. 

En complément, la région réalise des investissements colossaux pour promouvoir cette marque. C’est un succès, en particulier en Chine. Les vins Sud de France arborent la marque la plus connue après Bordeaux. La marque ombrelle s’étend alors à d’autres produits que le vin, jusqu’à désigner la gare de Montpellier rebaptisée gare Sud de France. 

Au fil des ans, les vins d’Occitanie revêtent cette appellation tandis que les Rosés du Sud sont produits en Provence. Une situation source de confusion pour les consommateurs

Où commence et où finit “Sud de France” ? Impossible d’intégrer cette notion dans le cahier des charges d’une IGP (indication géographique protégée) ou d’une AOP (appellation d’origine protégée). La dénomination ne correspond à aucune zone géographique définie au sens réglementaire. 

Pourquoi le changement intervient-t-il en 2022 ? 

Le préfet de la région Occitanie a décidé de mettre de l’ordre dans le Sud et ses vignobles. Depuis le 25 juillet 2022, il a demandé le retrait des termes “Sud de France” sur les bouteilles de vin produites. Seule reste possible une exploitation pour des opérations de communication ou de promotion sur les salons. La nouvelle concerne plus de 7 000 vins, dont les propriétaires doivent revoir l’étiquetage.  

D’un côté, le projet de règlement européen sur l’étiquetage des AOP et IGP est en cours de négociation. Il ne devrait pas entrer en vigueur avant fin 2023. La France peut vouloir se mettre en conformité avec les propres règles qu’elle défend au niveau européen. 

A plus court terme, c’est une guerre dans le sud de la France qui se dessine. La région Provence-Alpes-Côtes d’Azur cherche à se réapproprier le sud. D’ailleurs, son nouveau logo adopté en 2018 évoque la Région Sud, plus attractive que l’acronyme PACA. Les termes “région sud” ont d’ailleurs été enregistrés comme marque auprès de l’INPI. Cet été, une campagne du président de la région vante les rosés du Sud, les rosés de Provence.  

C’est en dernier lieu pour mettre fin à un abus : la réglementation n’a jamais permis d’enregistrer les termes Sud de France seuls. C’est donc une marque semi-figurative qui bénéficie de la protection par le droit des marques. Or, au fil des années, le logo est devenu de plus en plus épuré et les propriétaires de vignobles de plus en plus enclins à apposer la mention Sud de France sans design particulier. 

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